N'hésitez-pas à laisser un commentaire sur mon livre d'or dans la rubrique "A propos du livre".
Vous pouvez aussi bien donner vos impressions sur ce site, laisser vos témoignages si vous avez un
parent qui a été prisonnier de guerre, poser des questions, voire m'envoyer de vieilles photos en
relation avec cette période,
Contactez-moi Postez vos commentaires Forum
Dédié à tous les prisonniers de guerre
UNE LIBÉRATION PARFOIS TARDIVE
Blogs et sites
Voici le carnet de bord d'un P.G. français mis en ligne par un site dédié à la résistance. Ovide Lecocq évoque la guerre, les conditions de sa captivité et celles de sa libération.
Journaux
Voici des journaux commentant la fin de la guerre. Cliquez dessus pour les lire.
Paradoxalement la libération de la France préalable à celle des prisonniers bien plus tardive n’a pas que des effets bénéfiques immédiats. Si elle rend le moral à certains qui l’avaient perdu, pour d’autres c’est le contraire car elle les isole encore plus de leur famille dont ils ne reçoivent plus aucun colis ni courriers. Y.D note qu’il en résulte une diminution des rations alimentaires mais, surtout, cela aurait été de nature à créer une réelle détresse chez ceux, dans les camps qui, en outre, subissent une propagande allemande propre à susciter les plus grandes inquiétudes au sujet des leurs ; en effet, les Allemands leur font croire en une guerre civile sanglante en France. Nombreux sont les témoignages qui font état qu’un véritable cafard s’est
emparé des prisonniers :
« Nous sommes de pauvres abandonnés qui perdent leur jeunesse et leurs cheveux sans savoir pourquoi ni pour qui » (Stalag VI C novembre 1944)
« Je finirai par devenir enragé ici. Il n’y a que les prisonniers pour connaître la valeur du mot liberté. » (Stalag II A juillet 1944)
« On arrive un moment à ne plus vouloir penser aux siens, tellement cette pensée vous fait mal. » (Stalag IV D juin 1944)
« […] plus de nouvelles, plus de colis, des bêtes, de vraies bêtes. Le moral est de plus en plus à zéro. » (Stalag VII A janvier 1943)
Pourtant depuis 1943, avec le temps, les habitudes prises et avec l’amélioration de leurs conditions de vie parfois, les prisonniers se sont souvent bien adaptés. A tel point que nombreux sont ceux qui occupent des postes à responsabilité délaissés par les Allemands eux-mêmes, massivement contraints à la mobilisation. Dans les Kommandos, notamment les Kommandos agricoles ou dans les commerces, ils jouissent d’une relative liberté et sont désormais devenus indispensables à la population civile. Ils ont remplacé les forces vives du pays et il s’avère qu’ils arrivent parfois à mieux se nourrir que les civils allemands. Ainsi en témoigne Jean et un rapatrié du Stalag VIII A cité par Y.D :
« Ce sont les Français qui font marcher les fermes et qui commandent. Tous les hommes valides ont été mobilisés. »
Et un autre rapatrié de noter avec humour :
« Si les Français restent encore un an, on les verra bourgmestres. »
Néanmoins, la fin programmée de l’Allemagne nazie, bien qu’elle soit en soi une très bonne nouvelle pour les P.G., les menace d’un nouveau danger. Certains pensent même qu’ils ne reverront jamais la France. Car si leur situation depuis 1940 les avait éloignés des combats, la guerre « venait à nouveau les frapper de plein fouet à mesure que l’Allemagne subissait à son tour les coups des Alliés ». La ronde infernale des avions qui traversaient le ciel et déversaient leurs bombes était de nature à faire vivre un véritable cauchemar auxprisonniers de guerre qui n’étaient pas épargnés. Combien d’entre eux ayant survécu à la captivité périrent sous les feu des Alliés ? D’autant que certains camps se trouvaient à proximité de cibles stratégiques et auront été des victimes collatérales. Et que dire de ceux qui, mêlés à l’exode des populations civiles allemandes et des militaires en déroute, seront soumis à nouveau à des marches forcées, ou entassés dans des wagons à bestiaux pour être évacués à mesure que le front progressait à l’intérieur des frontières allemandes, se trouvant ainsi exposés aux attaques de l’aviation alliée ?
« Celui qui rentrera en entier pourra dire qu’il aura eu de la chance. »
note un rescapé, tandis qu’un autre témoigne :
« La semaine dernière, on a eu un coup dur par les bombes ; il y a eu dix baraques de brûlées et vingt copains sont morts.[…] Nous ne sommes pas encore sortis de l’enfer. » (Stalag XI B septembre 1944)
Mais bientôt se profile enfin la libération. Et à ce propos, tous les prisonniers de guerre n’auront pas la même chance que Jean qui a attendu tranquillement l’arrivée des Alliés à Völkermarkt, désertée par les soldats ennemis. Car si les prisonniers affectés dans des Kommandos en ville ne subirent aucune évacuation par les soldats allemands, pour autant ceux qui étaient encore dans les camps furent contraints de les évacuer sous la menaces de leurs geôliers. R.Claudel fut de ceux qui firent partie des colonnes embarquées par les sentinelles et durent souffrir mille morts durant cette marche forcée, en proie à la famine et à la brutalité de leurs gardiens.
« Malheur à celui qui se laissait tomber et ne voulait plus chercher à se relever. […] à se cacher quand cela était possible pour ne plus continuer cette marche infernale et inhumaine. […]Il arrivait que des prisonniers à bout de force ne pouvaient plus mettre un pied devant l’autre et s’écroulaient au bord d’une
route ; nous avons vu alors de véritables brutes parmi nos gardiens s’acharner sur eux et même en abattre froidement. »
Les libérateurs furent, pour les uns, américains, anglais ou yougoslaves en Autriche, pour les moins chanceux, ce furent les russes. C’est ainsi que de cette période de libération, tous les témoignages ne sont pas positifs. La plupart des prisonniers de guerre redoutaient d’être libérés par l’armée russe qui ne leur inspirait qu’une confiance relative. Ce sentiment était partagé par les sentinelles allemandes –et on comprend aisément pourquoi - qui fuyaient la progression des Alliés emmenant avec eux des colonnes de prisonniers. Ce fut aussi le cas de R.Claudel qui fit partie de ces « processions » de prisonniers :
« L’Armée russe n’était donc pas loin mais nous ne la verrons pas, et il ne faut pas le dissimuler, nous ne tenions guère à être libérés par elle. […] On sentait que nos gardiens avaient hâte de s’éloigner du front russe. Ils aimaient mieux se rapprocher de celui des Américains. »
Journal de la résistance COMBAT du vendredi 25 août 1944
Le journal FRANCE SOIR du jeudi
3 mai 1945
Le journal l'HUMANITE du 3 mai 1945
Journal L'EXPRESS du 3 mai 1945
Le Journal RÉSISTANCE LA VOIX DE PARIS du 8 mai 1945
Journal L’HUMANITÉ du 8 mai 1945
Journal VICTOIRE du 9 mai 1945 p1 et 2
Un tank de l’armée américaine M4 Sherman tank of the 47th Tank Battalion, 14th Armored Division, Le tank enfonce les grilles de l’Oflag XIII-B, 6 avril 1945.
https://crashmacduff.wordpress.com/2015/04/03/friday-reader-the-real-stalag-13/
Le journal L’HUMANITÉ du 29 mai 1945
D’ailleurs parmi les prisonniers qui furent libérés par les Russes, certains se retrouvèrent être des otages. Ils devinrent une monnaie d’échange que l’armée rouge échangeait contre des prisonniers de guerre russes détenus par les Alliés. Car le martyre des pauvres prisonniers russes n’était alors pas terminé ! Enfin pour ceux qui auront par miracle survécu aux camps allemands ! Staline qui les considère comme traîtres à la patrie – y compris les civils femmes et enfants déportés - leur réserve un sort particulier dès leur retour !
Nombreux sont d’ailleurs ces derniers qui, à la fin de la guerre, refuseront de rentrer en Russie tant ils auront peur de ce qui les attend là-bas ! Malheureusement les Alliés occidentaux s’étaient engagés à Yalta à les remettre aux mains des autorités russes. Ce qui, faute de pardonner, explique par exemple les actes inhumains dont mon père accuse les Anglais lorsque ces derniers remettent aux mains des Russes des populations civiles cosaques fuyant leur Patrie, les condamnant à une mort assurée ou à une vie de goulag.
D’après Y.D, il existe souvent une incompréhension entre libérateurs et libérés, les premiers focalisés sur la poursuite de la guerre, les autres n’espérant qu’une chose : rentrer au plus tôt dans leur pays. Par ailleurs, la barrière de la langue contribua également à poser quelques soucis quand certains prisonniers de guerre regrettèrent que leurs libérateurs soient un peu trop portés sur l’alcool et les accusèrent parfois de se comporter comme dans les westerns. Bref pour la plupart, le retour en France s’avérera être un vrai parcours du combattant. D’après Y.D « Les P.G. libérés sont donc en grande partie livrés d’abord à eux-mêmes en même temps qu’au bon vouloir de leurs libérateurs. »
Ainsi l’avis mitigé de Jean dans les jours qui ont suivi l’arrivée des Yougo et celle des Anglais et qui semble à cet égard comme à bien d’autres être assez typique du ressenti de nombreux prisonniers. Y.D évoque les conditions d’évacuation par les britanniques du camp de Wolfsberg Stalag XVIII A dont dépendait mon père. Les éléments qu’il donne concernant « le périple final » des prisonniers de guerre recoupent parfaitement le témoignage de Jean. Il explique en outre un détail tout à fait surprenant sur le fait que l’officier français de liaison auprès du Q.G du 5ème corps d’armée britannique stationné à Klagenfürt (celui qui est entré à Völkermarkt) aurait expliqué à un homme de confiance français, venu pour prendre contact, qu’il n’était investi d’aucune mission officielle concernant les P.G. !
Cela souligne encore une fois la totale absence d’organisation du pouvoir français, le peu de cas fait aux prisonniers de guerre et explique, en outre, le temps que ces derniers, embarqués à Klagenfürt, passeront à attendre un rapatriement, oubliés dans des camps italiens et soumis au bon vouloir des britanniques. Après les avoir sacrifié en 1940, la France de 45 semble encore peu soucieuse de venir en aide à ses ressortissants.